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Pose de la couverture Définitivement au sec !

Aujourd’hui il pleut, on a terminé de poser la première partie de l’isolant et on ne peut pas avancer plus donc j’en profite pour combler le retard du blog et vous parler de la pose de la couverture que nous avons terminée il y a environ une semaine.

Nous avons démarré le 18 juillet et la pose des 3500 tuiles (un peu moins en fait parce qu’il y a un peu de rab’) a duré environ 10 jours. Dans un premier temps la pose des tuiles sur les 4 pans nous a pris 4 jours. Selon les jours, une ou deux personnes se chargent d’approvisionner la grosse Bertha en tuiles et deux à trois personnes sont en haut pour poser. Et oui, madame Cazomob et sa belle-maman se sont portées volontaires pour nous accompagner mon père et moi. Malheureusement elles n’ont pas pu venir tous les jours donc la plupart du temps nous n’étions que deux et forcément ça va moins vite.

Pour faciliter nos déplacements là-haut et éviter de passer au travers du pare-pluie nous nous sommes bricolé de petits planchers qui prennent appui sur les liteaux. Un petit apprenti nous a même donné un coup de main

Côté technique de pose, LA grande question a été de savoir comment démarrer la première tuile à chaque angle pour faire en sorte, non seulement d’être un minimum symétrique mais aussi de terminer par une onde - un arrondi si vous préférez- au niveau de l’arêtier pour que ce soit joli. Plusieurs techniques s’offrent à nous :

  • La technique du “je démarre au milieu et je pars de chaque côté”. Pour la symétrie là au moins on est sûr que c’est bon. Par contre pour ce qui est de tomber sur un arrondi au bout c’est moins évident. Pour avoir posé la question à un couvreur on m’a répondu “on tombe comme on tombe et quand on arrive au bout on coupe !”. Bon, j’ai bien fait de choisir l’autoconstruction ! L’autre inconvénient de cette technique est qu’il faut poser la moitié des tuiles dans le mauvais sens, c’est à dire en soulevant la précédente pour poser la suivante dessous. Bref on passe.

  • La technique du “je démarre du bord et j’avance prudemment pour être sûr de bien tomber à la fin pour que ce soit joli et qu’on soit contents”. Alors celle-là vous l’aurez deviné ce n’est pas vraiment une technique de pose c’est juste la façon dont nous avons procédé. Dans les grandes lignes :

    • On pose la rangée du bas sur toute la longueur pour régler le jeu des tuiles
    • On trace des repères sur les liteaux pour être d’équerre par rapport à la rive du toit. Pour cela on fait appel à Pythagore, notre vieil ami de 4e. Petite astuce pour simplifier les calculs, il suffit de retenir trois chiffres : 3/4/5. Si on a 2 côtés de 3 et 4 mètres alors pour avoir un angle droit il faut que l’hypoténuse fasse 5m. Pour des longueurs différentes il suffit de multiplier chaque chiffre par le même coefficient (par exemple 1,5/2/2,5)
    • On pose 2 rangs à la fois en utilisant une règle de maçon de 4m fixée sur les liteaux avec 2 serre joints pour rester bien droit de bas en haut et conserver l’écartement attendu pour les tuiles. Pour avoir testé, sans ça c’est la cata assurée…ou alors il faut quelqu’un en bas avec un œil de lynx pour faire aligner les tuiles

On démarre donc par la première croupe - on peut aussi dire petit pan mais ça fait tout de suite moins classe -, nous posons la première rangée et nous avons de la chance parce qu’on tombe comme il faut en tirant les tuiles au maximum. Pour ce qui est de savoir si l’onde de chaque côté va bien tomber au niveau de l’arêtier par contre pas de recette miracle, on le fait au jugé en présentant l’about d’arêtier là où on pense qu’il va tomber.

Une fois la première croupe terminée on attaque le premier grand côté. Pour celui-là, vu la longueur, nous décidons de faire l’impasse sur la mise en place de la première rangée. A la place nous décidons de tirer les tuiles au maximum comme sur la croupe et de nous arrêter une vingtaine de rangs avant la fin pour mesurer et, à partir de là, ajuster le tir au niveau du jeu des tuiles afin de tomber juste. Une différence d’écartement de quelques millimètres entre ces rangs et les précédents ne devrait pas vraiment être perceptible…

…Ça c’est dans la théorie. En pratique nous avons mesuré, ajusté l’écartement, posé les dix rangs suivants, remesuré, posé la première rangée jusqu’au bout voyant qu’on ne tomberait pas juste et constaté…qu’effectivement on ne tombait pas juste. La dernière tuile tombait à plusieurs centimètres de l’endroit prévu. On réfléchit, on tourne en rond et puis finalement on décide de laisser tomber ce côté pour le moment et d’entamer l’autre grand pan. En effet ce jour-là nous sommes nombreux sur le chantier, il aurait été dommage de ne pas profiter de toute cette main d’œuvre pour avancer. On réfléchira plus tard :)

Pour l’autre côté nous avons retenu la leçon mais surtout nous avons un gros avantage : Etant donné que nous démarrons du côté opposé, pour que nous tombions correctement à l’extrémité il suffit qu’au bout d’un moment les tuiles de chaque côté du toit tombent face à face et le restent jusqu’au bout. Etant donné que les tuiles de chaque côté du faîtage sont à quelques centimètres de part et d’autre c’est facile à contrôler. On démarre donc comme d’habitude en tirant les tuiles au maximum de leur jeu. Evidemment les premières tuiles au niveau du faîtage ne tombent pas du tout en face mais on s’y attendait. On réduit le jeu des tuiles pour s’aligner et gagner la dizaine de centimètre qui nous manque. On décide donc de resserrer chaque tuile de 2,5mm - Non, nous ne sommes pas fous au point de mesurer au dixième, c’est juste qu’étant donné qu’on pose les rangées par deux on réduit à chaque fois de 5mm.-. Quelques mètres avant d’atteindre l’extrémité nous finissons par tomber juste en face de la tuile de l’autre côté du toit. On reprend alors l’écartement maximum pour terminer et Oh miracle! ça tombe pile-poil comme il faut. Et toutes les tuiles qui ne sont pas en face les unes des autres, me direz-vous, c’est pas un peu moche ? Aucune crainte étant donné qu’on ne peut pas voir les deux côtés à la fois(Depuis le sol bien sûr. Depuis le ciel, je peux pas garantir que les pigeons ne remarquent pas le léger décalage et qu’on devienne la risée des bêtes à plumes.)

Une bonne nuit de sommeil passée nous décidons de reprendre l’autre côté que nous avions lâchement abandonné. Il faut se rendre à l’évidence on va devoir reprendre l’écartement d’une grosse dizaine de rangées. Pas question de tout enlever pour les remettre ensuite. On décide réduire l’écartement en les bougeant à la main en partant de la position souhaitée à l’extrémité. Attention ! Ne tentez pas de reproduire cette expérience chez vous! Votre couverture risquerait de faire de jolis serpentins. De notre côté nous avions deux armes pour éviter ce problème :

  • La règle de 4m qui nous permet d’aligner les tuiles
  • L’œil affuté de mon père qui, resté en bas, me guide pour conserver un écartement constant entre le haut et le bas. Et quand je dis œil affuté je parle d’un œil qui a passé une grande partie de sa vie à aligner des machines au millimètre. Un œil capable d’estimer à 2mm près la position d’un repère d’équerrage (cf méthode du 3/4/5) avant même de faire la mesure. Au début ça surprend, surtout quand comme moi, on est bien incapable de juger si quelque chose est à peu près de niveau ou pas.

Bref, après quelques dizaines de minutes tout est rentré dans l’ordre on peut terminer ce côté avant d’enchainer le suivant. C’est là, après 4 jours de travail que la partie facile s’achève et que commence la plus ennuyeuse : les arêtiers et le faîtage.

Si un jour vous faites une maison réfléchissez y a deux fois avant de multiplier les pans parce que les découpes de tuile c’est très chiant et très long. Et encore chez nous ça va nous n’avons que 4 pans mais je n’ose pas imaginer la galère si nous avions conservé notre premier plan avec une toiture à 9 pentes :\. Les découpes et la pose des arêtiers et du faitage ont duré environ 6 jours à eux seuls. Il faut aussi avouer que sur la fin mon père a dû se sentir bien seul pour terminer car de notre côté nous avons avancé sur d’autres postes en parallèle. Heureusement, mon beau-frère et ma mère sont venu lui donner un coup de main ponctuellement.

On a aussi posé la sortie de cheminée et les tuiles spécifiques (chatières, ventilation…) mais ce n’est pas ça qui a pris le plus de temps.

Finalement, comme d’habitude, tout est bien qui finit bien, la couverture est terminée, tout est droit, les arrondis tombent bien dans les coins - d’accord, il y en a un pour lequel on a dû tricher un peu. Mais si on ne le sait pas on ne le voit pas :) -. En tout cas, il y en a un qui était bien content lorsqu’il a posé la dernière tuile :